14 Octobre 2018
Enveloppe ton poème dans le linceul des jours absents
Que seul miroite l'éclat de ce qui sans retour a fui
Arme ton poème du feu de l'éternelle sédition
Qu'il pulvérise les miradors que l'homme érige
Tout autour des cités d'or de son salut
Plonge ton poème dans le puits où les morts viennent puiser leur eau
Qu'il devienne ce miroir d'eau par où s'accomplit le passage entre les mondes
Lie ton poème à l'écume chatoyante plus qu'à la vague
Qu'il se fasse l'écho déclinant des profondeurs océaniques
Et qu'il porte le chant des sirènes tentatrices et meurtrières
Propulse ton poème au milieu de l'assemblée cruelle des titans
Qu'ils en consument et dévorent la chair morceau après morceau
Et qu'ils s'en disputent avec les Olympiens tous les os
Que ton poème soit démembré et ses restes, dispersés aux quatre points cardinaux
Qu'ainsi se dressent les quatre portes sacrées de la perception mystique
Tisse ton poème dans la même étoffe que celle des astres
Qu'ainsi sa chair soit seulement faîte de lumière
Et que son sang irrigue le cœur d'une nébuleuse
Substitue ton poème à l'hostie des messes interdites et clandestines
Que les fidèles s'en repaissent pour célébrer les mystères de l'anéantissement
Crucifie puis ressuscite ton poème pour lui conférer une aura de sainteté
Qu'il magnétise les foules par la comédie de la soif et du salut
Que ton poème soit la cendre qui couve sous un éternel feu de joie
Et qui renaît sous la forme d'un Phénix dévorant l'horizon
Que par cette féerie profane notre joie éternellement demeure